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Citation

Gomet D. Int. Rev. Sport Viol. 2014; 8: 84-99.

Vernacular Title

Pratiques corporelles et genre dans les camps nazis

Affiliation

Enseignante-chercheure à l’Institut de Formation en Education Physique et en Sport (IFEPSA) - UCO- Angers

Copyright

(Copyright © 2014, Association Sports et Violences)

DOI

unavailable

PMID

unavailable

Abstract

Rooted in the history of the Second World War, this study is a gender analysis of the use of physical exertion as a tool of control, means of repression and extermination in Nazi death camps.

Camp archives and testimonies make it possible to show that physical exertion was an integral part of the repressive arsenal used by SS guards on both male and female prisoners. Yet, depending on gender and the reasons for deportation, the forms and purposes of such physical exertion could vary. If in the case of deportation as repressive measure, the SS degraded men and women so much that they deprived them of their gender identity, the most common punishments were inflicted according to various gender norms: where men were subjected to motion, women were to motionlessness. In death camps however, things were quite different. There gender was not taken into account and women submitted to the same atrocities as men: Strafstehen (lengthy motionless standing position), Sportmachen (physical exercises), “selection processes” for the gas chamber through physical exercises. Female inmates only escaped those murders committed during sham physical exercises such as fake boxing matches. However, this near similarity of treatment had unequal consequences in terms of survival: women had neither the same physical abilities, nor the same body culture from the pre-war period as men.

Finally, this study highlights the complex relationships SS had with gender issues, and also establishes that in the camps, the hierarchy of races established by Nazis prevailed over gender: punishments were different when inmates were still considered as human beings; they were similar when this was no longer the case.

Key-words: WWII - Nazism - Concentration camps - Deportation - Body practices - Gender

Vernacular Abstract

Ancrée dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, cette étude porte sur une analyse genrée de l’emploi des pratiques corporelles comme outil de contrôle, de persécution voire d’extermination dans les camps de concentration et d’extermination nazis.

A travers les témoignages et grâce aux archives des camps, il est possible de prouver que les pratiques corporelles font intimement partie de l’arsenal répressif des gardes SS à l’encontre des déportés hommes et femmes. Cependant, suivant leur sexe et les raisons de leur déportation, les formes et fonctions des dites pratiques sont susceptibles de varier. Si, dans le cas des déportés par mesure de répression, les SS déconsidèrent hommes et femmes au point de leur ôter leur identité, les brimades les plus répandues sont distribuées en référence à certaines normes genrées: aux hommes le mouvement, aux femmes l’immobilité. Le constat est bien différent dans les camps d’extermination : les nazis ne tiennent pas compte du sexe des déportés et soumettent les femmes aux mêmes exactions que les hommes : Strafstehen (station debout prolongée) mais aussi Sportmachen (exercices physiques), "sélections" pour la chambre à gaz par les exercices physiques. Les déportées n’échappent, pour ainsi dire, qu’aux meurtres commis dans le cadre de pratiques sportives perverties, tels que les combats de boxe truqués. Cette quasi-équivalence dans les mauvais traitements engendre, par contre, des conséquences inégales en termes de survie : les femmes ne possèdent ni les mêmes capacités physiques que les hommes, ni la même culture corporelle antérieure.

Finalement, cette étude met en exergue toute la complexité des rapports que les SS entretiennent avec le genre. Elle démontre aussi que la hiérarchie des races établie par les nazis prévaut sur le genre dans l’univers concentrationnaire : les punitions sont différentes quand les déportés sont encore considérés comme des êtres humains, elles sont identiques quand ce n’est plus le cas.

Mots clés : Seconde Guerre mondiale - Nazisme - Camps de concentration - Genre - pratiques corporelles

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